TEMPO SCADUTO
de Vincent Ciciliato
performance numérique
mercredi 31 mars de 10h à 13h30
jeudi 1er avril de 10h à 13h30
vendredi 2 avril de 10h à 13h30
ouverture aux professionnels uniquement.
en partenariat avec Festival Zéro1,
le festival des arts et cultures numériques à La Rochelle
réservation obligatoire :
05 46 00 00 46
Désigner, viser, tirer : partant de ces trois injonctions communément utilisées dans le jeu vidéo, Tempo scaduto est une installation interactive qui place le spectateur dans la situation paradoxale de devoir prendre position tant physiquement qu’intellectuellement et moralement, face à une image et un récit qui vont le renvoyer à la conscience de son acte.
Sur fond de guerre des mafias à Palerme en Sicile dans les années 1980, lieu et période de l’enfance de l’artiste, le récit se décline, dans des décors différents, en plusieurs scènes dont certaines sont le théâtre d’un assassinat. Le « joueur » est informé par l’écran des possibilités qu’il a de tirer sur des cibles mouvantes, inspirées de meurtres réels ayant eu lieu à l’époque en différents points de la ville, souvent documentés par des photographes de presse comme Letizia Battaglia qui travaillait pour le journal quotidien L’Ora ; ces images sont restées gravées dans la mémoire de Vincent Ciciliato.
Six scènes d’assassinat ont ainsi été re-enactées et déclinées selon des modalités de représentation propres au cinéma documentaire ou de fiction, et à la photographie de presse. À partir de plans d’ensemble montrant des quartiers de Palerme et leur activité, plans propices à la mise en place imaginaire d’une fiction (la qualité picturale de l’image et la bande son en suspens qui l’accompagne créent les conditions propices au surgissement de personnages et d’événements), le joueur décide de viser et de tirer sur une cible qu’il suppose bonne. La justesse du tir du « joueur » sur une cible « bien » choisie déclenche le son assourdissant d’un tir réel, accompagné d’une suite de plans de type reportage, caméra à l’épaule, puis se succèdent des photographies en noir et blanc du corps abattu, parfois accompagnées du son de l’appareil déclenchant le cliché. En engageant le geste de tirer sur une cible humaine, le spectateur passe du statut de joueur à celui de témoin d’un acte ayant eu réellement lieu, déjà documenté, déjà archivé, appartenant à l’Histoire. Incité à choisir une cible dans un ensemble indifférencié de possibilités dans une réalité très ordinaire, ce joueur est mis par l’artiste dans la situation de rejouer un acte terroriste : tirer sur une cible quelconque, sans savoir a priori pour quelle raison cette cible pourrait être la bonne. Les ciels noirs et les silhouettes fantomatiques qui hantent les images disent la puissance de la mémoire à faire retour sur une actualité qui se nourrit toujours de nos zones d’ombre.